L'éruption volcanique du piton de la fournaise : une expérience hors du temps !
Hier, vendredi 25 novembre, nous avions commencé notre journée tranquillement. Qui aurait cru que nous verrions le Piton de la Fournaise en éruption ?
En effet, la veille, nous avions fait beaucoup de route entre la visite du cirque de Salazie - une expérience verdoyante à expérimenter ! - et la route des laves - que je raconterai prochainement.
Nous avions au programme : visite du marché de Saint Paul, un moment très agréable et baignade dans le lagon à l'Hermitage. Vers 17h30, nous avons pris une bière face au lagon en nous disant que nous allions rentrer de bonne heure pour qu'Aenor se couche tôt quand j'ai pensé à cheker où en était le volcan.
Rien ne laissait deviner que nous verrions cela ! |
En effet, cela faisait plusieurs jours que le pas de Bellecombe qui permet d'accéder à l'enclos Fouqué, était fermé. Le plan ORSEC Volcan était en alerte 1 - irruption imminente. En effet, le volcan avait eu une activité sismique importante suivie d'un calme plat. Or, les précédentes irruptions avaient eu la même configuration : calme plat pendant deux ou trois jours après une activité sismique intense.
Vendredi matin à 4h30 un nouveau bulletin était sorti annonçant une nouvelle activité sismique intense avec une déformation de surface importante impliquant une éruption dans les minutes ou les heures à venir.
J'avais checké le midi, toujours rien. A 17h30, je tombe donc sur des articles de presse de Franceinfo indiquant le volcan est entré en irruption à 14h40 sur la zone des grandes pentes près du Tremblet. En cherchant mieux, il s'agit de la zone du grand brûlé au niveau des coulées de lave de 2007 que nous avions visité la veille.
Comme nous avions décidé le matin que si le volcan pétait, nous irions le voir direct, nous ne nous posons pas vraiment de questions : direction la voiture. Waze annonce 1h30 de route pour y aller. Cool, on y arrivera de nuit - le soleil se couchant à 18h20 en ce moment.
Sur la carte : où on logeait près de St Denis, St-Paul, le lagon à l'Hermitage et le trajet jusqu'au tremblet.
Au final, on ne bouchonne pas trop et on arrive sur zone aux alentours de 19h30. Manque de chance, la route a été coupée vers 19h, il nous aurait été plus rapide après de rentrer par la RN2 que de se retaper les 2/3 de l'île.
Premiers "whahou" depuis la voiture : le ciel s'enflamme de rouge. Il y a en effet des nuages car il bruime et le ciel se pare d'un rouge pétant. Aenor et Nico tentent la comparaison avec le coucher du soleil, moi je trouve cela beaucoup plus rouge qu'un coucher de soleil.
Nico nous dépose Aenor et moi au pied du barrage de la gendarmerie. Il y a déjà beaucoup de voitures sur le bas-côté au Tremblet.
Les premières lueurs |
La nuit, le ciel rouge derrière la forêt, les girophares : Aenor a un peu peur. Je la rassure et lui explique que les gendarmes sont là pour assurer la sécurité et nous nouss mettons à marcher sur la RN2 depuis le Tremblet direction les coulées de lave de 2007 un peu plus loin. Il y a déjà pas mal de marcheurs sur la route et il y a encore quelques voitures qui passent dans l'autre sens donc nous faisons bien attention. J'appelle Nico pour qu'il ramène un pull pour Aenor qui a froid - elle est un peu fatiguée mais marche de manière volontaire - et le porte-bébé car il y a un peu de chemin à parcourir et je ne sais pas si elle sera en forme pour le retour. Au final, Nico a trouvé une place assez proche.
L'atmosphère est iréelle, les gens marchent sur la route avec leur frontale ou leur téléphone qui éclaire - ce qui est mon cas. Le ciel est rouge côté volcan, c'est comme un air de fin du monde - mais joyeuse où tout le monde est exité.
Nous passons la pancarte "Vieux Port" - où nous sommes descendu hier voir une plage de sable noir - quand Nico me rappelle car il ne nous a toujours pas doublé : bah oui ! Avec Aenor, nous sommes pressées de voir le Volcan.
Dernier virage.
Un "Hoooo" suivi d'un "whahou" sort de ma bouche. C'est tellement beau et émouvant - comme dirait Charlotte face aux dauphins : c'est tellement beau que j'ai envie de pleurer.
Aenor aussi est émerveillée puis elle me dit : "Whahou, on dirait un toboggan, un grand toboggan."
Je lui fais remarquer que c'est chaud, la réponse, pleine de bon sens : "oui, un grand toboggan de lave"
Nico nous rattrape une minute plus tard. Lui qui avait douté plusieurs fois du spectacle est également époustouflé. Les photos parlent d'elles-mêmes : du rouge, du jaune, du noir.
Le sommet est dans les nuages. Nous poursuivons la descente de la RN2, nous y voyons moins bien car la coulée de 2007 coupe un peu la vue. Des dizaines de personnes sont montées un peu plus haut. Bien que ce soit strictement interdit, et comme on avait des sandales de rando et le porte bébé, nous suivons tranquillement les gens. Bien qu'il y ait une légère bruine, la pierre volcanique, très abrasive ne glisse pas. Je regarde bien où je mets les pieds car le terrain n'est pas stabilisé : il y a des mini-tunnels cassés. Pas d'inquiétude, nous sommes loin de la coulée : voir le coeur le plus en bas sur la carte qui suit.
En bleu, le chemin parcouru à pied - environ 2Km aller. Les deux coeurs : les deux endroits que nous avons faits pour observer. le feu rouge : le point le plus bas de la coulée. L'étoile verte : le dernier virage.
Le spectacle est à couper le souffle. Le sommet est toujours dans les nuages. Nico veut aller plus haut : je refuse, on voit bien et on n'a pas les grosses chaussures de randos, le terrain n'est pas aisé et il fait nuit.
Après quelques temps, nous redescendons vers la RN2 pour partir vers le nord, pour voir encore mieux. Nous montons au belvédère où nous sommes allés la veille - le coeur le plus haut sur la carte précédente. De là, le sommet est bien visible : nous voyons les jeysers de lave qui crachent régulièrement. C'est juste IN.CRO.YA.BLE
Nous avons appelé en vidéo nos proches pour leur faire profiter du spectacle :) Contrairement à ce qu'on pourrait penser, nous n'avons jamais eu chaud, la lave était à 1 ou 1,5km de nous.
L'atmosphère était surréaliste, on était à moitié dans le mordor, à moitié sur une autre planète. C'est une sensation assez indescriptible que d'avoir pu profiter de ce spectacle qui, comme dirait Aenor : "on ne pourrait pas voir ce spectacle à St Pierre du Perray, on n'a pas de volcan !"
Les mots d'Aenor oscillent entre "C'est trop joli, c'est trop génial, c'est magnifique et c'est super trop génial" ou encore "trop joli, trop beau". Elle n'a pas du tout eu peur et a été tout aussi émerveillée que nous. Elle voulait même y retourner aujourd'hui mais nous avons préféré y aller mollo sur la route vu tous les kilomètres qu'on a fait ces derniers jours.
ce sur quoi on a marché ! |
La beauté des gens devant le spectacle |
Au point de vue du belvédère, il y avait un peu moins de monde donc nous avons pu profité du bruit du volcan : un grondement comme le bruit sourd des vagues qu'on entend au loin. Très relaxant dans son cataclysme !
La nature est fascinante, merveilleuse. Le spectacle d'un volcan en éruption est une chose unique, irréelle et hors du temps.
Après près de deux heures sur place, Aenor commençait à fatiguer un peu, nous avons décidé de retourner vers la voiture : c'est reparti pour les deux kilomètres sur la RN2 dans le noir rougeâtre de la forêt.
Le monde qui afflue est tout simplement hallucinant : des familles, des poussettes, des bébés de moins de trois mois en porte-bébé, des fauteuils roulants, des amis... Il est vendredi soir, les Réunionais affluent en masse après leur journée de travail ou leur dîner.
Il faut dire que le site est très facile d'accès à pied avec cette superbe route qu'est la RN2. Une éruption est une véritable fête !
Les deux kilomètres sont vraiment remplis de piétons qui affluent vers le volcan : nous sommes arrivés suffisamment tôt. Nous retrouvons la voiture. Waze nous annonce 2h15 pour rentrer - avec les bouchons pour quitter le Tremblet, ça fera 2h30. Qu'importe, nous venons de vivtre un moment unique en famille, ça vaut bien un petit de route. Nous sommes arrivés un peu avant 1h du matin et nous avons mangé car nous n'avions rien mangé depuis le marché de Saint-Paul !
En parlant de route, il y avait des voitures garées sur le bas-côté pendant 5km à la sortie du Tremblet - preuve s'il en faut de l'engouement pour le volcan.
Ce matin, la coulée de lave n'était plus qu'à 400 mètres de la route. Elle ne progresse plus très vite, il est possible qu'elle n'atteigne pas la route. Ce soir à 17h, elle n'était plus qu'à 250m d'après Fournaise Info.
Bref, c'est une famille heureuse : le rouge, la nuit, le volcan, les crachats du cratère, l'ambiance : tout était parfait ! La Réunion est décidemment une île surprenante avec une densité de paysages différents unique au monde ! Nous avons pu déjà aller dans l'enclos avant qu'il ne ferme et voir une éruption, c'est tout bonnement incroyable !
Nous y retournerons avant de partir. Probablement lundi :) mais on n'exclue rien, ça pourrait être demain également !
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